Comprendre pourquoi la Chine s'est abstenue lors du vote de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur Gaza 🧵
Le 17 novembre, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution approuvant une autorité de gouvernement intérimaire dirigée par les États-Unis et une « Force internationale de stabilisation » à Gaza. La Chine et la Russie ont vivement protesté contre le déni du droit à l'autodétermination du peuple palestinien, mais ont choisi de s'abstenir plutôt que d'opposer leur veto.
Avant le vote, les États-Unis avaient obtenu le soutien public d'une large coalition de gouvernements arabes et musulmans, y compris des représentants officiels de l'État de Palestine, tout en menaçant de « reprendre la guerre » si leur projet de résolution n'était pas adopté tel quel.
La décision qui en a résulté de la Chine et de la Russie de retirer leur projet de résolution concurrent et de s'abstenir plutôt que d'opposer leur veto à la résolution 2803 a provoqué une inquiétude considérable au sein du mouvement de solidarité avec la Palestine pour des raisons compréhensibles compte tenu de l'urgence morale du moment.
De nombreux critiques affirment également que l'abstention de la Chine, et plus généralement sa politique étrangère de l'ère des réformes, marquent une rupture nette avec son soutien, sous Mao, à la libération de la Palestine. En réalité, cette position est globalement conforme aux principes qui ont guidé la politique étrangère chinoise depuis 1949.
Le principe fondamental de la politique étrangère chinoise est la non-ingérence mutuelle dans les affaires intérieures. Cela signifie s'engager avec les autres gouvernements internationalement reconnus, indépendamment de leur nature sociale, de leur légitimité populaire (ou de son absence) ou de leur alignement géopolitique vis-à-vis des États-Unis.
Conformément à ce principe, l'OLP est reconnue comme « seul représentant légitime du peuple palestinien » par la Chine depuis 1965 et par l'ONU depuis 1974. Cette reconnaissance est formalisée au niveau international par l'État de Palestine et au niveau national par l'Autorité palestinienne.
La société civile palestinienne et les groupes de résistance condamnent à juste titre l'OLP sous sa forme actuelle, la jugeant inadaptée à sa mission, car elle est tombée sous l'influence de l'aile collaborationniste du Fatah, dirigée par Mahmoud Abbas. Cependant, ils contestent sa prétention personnelle à l'autorité, et non la légitimité institutionnelle de l'OLP.
Tous les groupes de résistance, y compris le Hamas, le Jihad islamique et le FPLP, visent officiellement à réformer et à démocratiser l'OLP en un gouvernement d'union nationale, et non à l'abolir ou à la remplacer. La Chine a considérablement facilité ce processus par le biais de la Déclaration de Beijing de 2024.
Ainsi, aucune autre entité ne prétend parler au nom de l'État de Palestine au sein d'instances internationales telles que l'ONU. Prise entre le soutien apporté par l'OLP au plan américain et les vives objections des groupes de résistance, la Chine a choisi de s'abstenir, conformément à son principe de non-ingérence.
Cela ne représentait pas une rupture radicale avec la politique de l'ère maoïste, contrairement à ce que beaucoup affirment. Comme nous l'expliquons dans cet article, la Chine a toujours plaidé pour l'unité interfactionnelle au sein de l'OLP alors qu'eqiaocollective.com/articles/pales…de puissance à apporter un soutien matériel à la lutte armée : https://t.co/afL9PhBQ7H
En 1973, la Chine a condamné l'effacement du droit à l'autodétermination palestinienne et l'absence de consultation concernant la résolution 338 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui visait à mettre fin à la guerre d'Octobre. Mais elle s'est abstenue face au fait accompli conjoint des puissances occidentales, soviétiques et arabo-compréhensives, permettant ainsi l'adoption de la résolution par 14 voix contre 0.
Jusqu'en 1971, la République populaire de Chine (à l'instar de la résistance palestinienne actuelle) était privée de droit de regard à l'ONU, celle-ci soutenant exclusivement le régime compradore de Taïwan, appuyé par les États-Unis. L'URSS boycotta le Conseil de sécurité en signe de protestation, permettant ainsi aux États-Unis d'obtenir le soutien de l'ONU pour leur invasion de la Corée en 1950.
Bien que le boycott se soit avéré tactiquement inefficace, personne ne croyait qu'un veto soviétique aurait dissuadé l'agression menée par les États-Unis – et encore moins les forces coréennes et chinoises qui lui ont infligé une défaite militaire historique, comme le peuple palestinien le fera assurément avec le plan de Trump.
La désapprobation de l'ONU, à elle seule, n'a jamais véritablement freiné l'impérialisme américain ou sioniste. De même, l'approbation de l'ONU ne saurait créer de fait que deux années de génocide implacable à Gaza, ou trois années en Corée, n'ont manifestement pas permis d'atteindre les objectifs fixés face à la résistance armée.
Les contraintes diplomatiques que la Chine s'impose de longue date ne sont en aucun cas exemptes de critiques de principe et de bonne foi, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Elles n'entravent pas non plus la résistance palestinienne ni le mouvement de solidarité internationale, ni dans leur pensée ni dans leur action.
Mais la question de l'assouplissement de ces contraintes au profit d'un anti-impérialisme plus militant relève en fin de compte de la souveraineté du peuple chinois, tout comme le peuple palestinien a le dernier mot quant à l'exercice de ses droits à l'autodétermination et à la lutte armée.






