🧵C'est bientôt l'ouverture de #Parcoursup, tous les ans je me dis que je vais faire un fil et je me laisse déborder. Pas cette année. Si ça peut servir à une seule personne, ce sera déjà ça. Les conseils qui suivent sont dans l'ordre qui me vient. 1/n
Je pilote une CEV (commission d'examens des vœux) en double licence depuis plusieurs années, j'ai vu passer des milliers de candidatures #Parcoursup, des bonnes, des moyennes et des très mauvaises. Parents et candidats, vous ne savez pas trop où mettre les pieds, c'est pour vous
D'abord, sachez qu'on lit TOUTES les candidatures. Il y en a beaucoup, mais on lit tout. L'algorithme? On choisit les critères pertinents pour nos formations et on les applique, ça permet de générer un pré-classement. C'est ensuite qu'on lit tout pour 1) confirmer 2) corriger
Les profs qui évaluent veulent d'abord éviter les erreurs d'aiguillages, que vous perdiez votre temps. On sait quels étudiants réussissent/échouent/ont du mal. On sait aussi lire entre les lignes. Les notes sont importantes, les appréciations sont essentielles, mais la lettre...
c'est la clé de voûte. Les notes peuvent varier d'un établissement à l'autre, les moyennes de classe nous disent si c'est surnoté. Les appréciations des profs et du chef d'établissement ajoutent du contexte. Dans les filières sélectives, on veut des gens qui savent bosser et...
savent s'investir, sont autonomes. Et qui savent pourquoi ils sont là. Evidemment à 17 ans, on ne sait pas forcément exactement ce qu'on veut faire de sa vie. On est profs, on est aussi parents. D'où l'importance de la lettre (le projet). Déjà, s'adresser au bon établissement...
La base? Oui, mais ça arrive de lire des lettres destinées à une autre filière, ça ne fait pas sérieux. Surtout pas d'IA, pas de lettre-type, pas de formules trop communes. Vous écrivez une lettre, on en lit des centaines, avec les années, des milliers. On se quand ça n'est pas
sincère/authentique. On veut juste vérifier que vous savez pourquoi vous voulez venir chez nous: vous avez regardé l'offre de cours, les possibilités de mobilité, les masters qui suivent la licence, vous êtes venus aux JPO. Pas de pipeau, on sait.
Pas de flagornerie (votre école, sa réputation interplanétaire), mais du concret qui montre de l'intérêt, de la recherche, du temps, du sérieux. Relisez vous, faites vous relire. Eviter les formules tartes ("Depuis petite..."). Vous pouvez promettre ce que vous voulez, on a tous
les ans des étudiants qui nous promettent monts et merveilles en avril et ne font rien en octobre, alors bon, hein. On se fie plus aux appréciations. Les expériences antérieures: soit vous savez ce que vous voulez faire et vous vous construisez un profil avec des éléments qui
montrent la cohérence de votre projet, soit vous ne savez pas trop (et c'est normal) et figurez-vous que la licence sert à vous ouvrir des horizons. C'est le master qui spécialise. Donc pas de panique. Mais c'est vrai qu'on aime la cohérence. On aime aussi la maturité donc on lit
entre les lignes de vos expériences et des appréciations pour se faire une idée (forcément approximative) de votre personnalité. Globalement, on aura plutôt tendance à vous laisser le bénéfice du doute. On n'a pas la même maturité en début de 1e et en fin de Term (believe me...)
En revanche il y a des choses qui sont des repoussoirs: les problèmes de discipline, l'indolence, l'incapacité à mettre en œuvre les conseils des profs, l'absentéisme. A part les faux-culs, personne n'aime les branleurs et les emmerdeurs. En fait, une candidature, ça se prépare
longtemps en amont. C'est peut-être dommage mais c'est carotte/bâton, c'est bien de travailler avec une ligne de mire, de se construire un profil, de se projeter dans son avenir. Le tout est de ne pas tout faire en fonction de ça. Parfois on se demande si tout le monde n'est pas
écodélégué, conseil municipal de ceci, un peu d'humanitaire pour projeter altruisme et initiative. Mais bon, tout ça contribue à un profil. On n'a pas de photo (ni même de nom) on essaie de reconstruire qui vous êtes qd on lit les dossiers. Il y en a beaucoup, on n'a pas la
journée (ça tombe pendant la fin du semestre, les copies de contrôle continu, les vacances de Pâques, et les partiels de mai donc pendant une période bien chargée). Donc on a peu de temps pour se faire une idée. Appréciations inégales, bavardages récurrents, lettre négligée...
formules qu'on a lues 20 fois et/ou qui puent l'IA, ça ne fait pas forcément rêver. Quand on estime que votre profil mérite mieux que la note calculée par l'algorithme, on va remonter votre note globale pour vous donner un coup de pouce, parce qu'on se dira qu'on vous voit bien
chez nous, que vous méritez votre chance, que pourquoi pas. Il y a énormément de mouvement, une fois qu'on a un classement, et les désistements des uns font le bonheur des autres. Donc même un classement pas terrible et liste d'attente, ça peut le faire. En revanche, attention...
quand vous êtes assez bas dans le classement, on sait (et vous devriez savoir) que ça va être compliqué. Dans les filières sélectives, comme les doubles licences, l'expérience le prouve. Beaucoup trop d'étudiants ont une idée très très TRES exagérée de leur niveau, notamment en
langues vivantes (mais pas uniquement). Donc Parcoursup est une chose, mais ça n'est que le début en fait. Et il faut prendre l'initiative de combler ses lacunes avant la rentrée, lire (LIRE) et s'habituer à lire. Les vidéos, les podcasts, c'est bien mais il faut encaisser de la
lecture, notamment dans les filières lettres langues sciences humaines. Et de la CURIOSITE. C'est ce qui manque le plus et on aime voir ça, un certain appétit d'apprentissage, chez les étudiants ET les FUTURS étudiants. Résumons, donc: renseignez-vous sur les formations, et
vendez vous sans trop en faire (ça se voit). Dites vous que certains d'entre nous (moi) étions déjà là quand vous êtes nés, donc bon, hein, voilà, quoi (if I may). AH, j'oubliais: ne postulez qu'à des établissements où vous irez vraiment. Si vous ne pouvez pas y être tôt le matin
alors oubliez: ça va devenir une souffrance et vous allez vous démobiliser, on en voit trop. Donc faites le trajet, le matin, le soir, pour vous projeter (ça, vous n'êtes pas obligés de nous le dire, hein). Faites des vœux réalistes sans vous autocensurer. Soyez ambitieux mais
prévoyez des licences non sélectives au cas où ça ne passerait pas en prépa/licence sélective. Projetez vous, soyez informés et sincères. J'oublie sûrement des trucs, mais vous êtes déjà morts plusieurs fois (si t'es encore là tu mérites une médaille, mec), je rajouterai des
trucs quand j'y penserai... Stay tuned.