Les États-Unis sont sauvés par le fait qu'ils possèdent un pays immense. J'ai généralement l'intuition, peut-être naïve (et intéressée), que l'échelle géographique d'une entité politique, multipliée par son ancienneté, influence directement l'âme nationale. Les petites nations ne rêvent pas du cosmos ; elles chantent les prés.
Les Britanniques sont un petit peuple, des « commerçants », mais ils avaient bâti un empire colossal et développé un ego à la hauteur, et leurs rêves en ont pris des proportions démesurées. Les Canadiens, malgré leur provincialisme pittoresque, produisent une science-fiction incroyable. Les Allemands n'ont jamais réussi à voir grand. Ils ont seulement rêvé d'une Allemagne plus grande.
Les Indiens, malgré leur piètre maîtrise de l'art de gouverner, nourrissent un goût prononcé pour la grandeur, leur mythologie est profondément cosmique et ils se sont même longuement intéressés à la métaphysique. Les Chinois, quant à eux, sont fascinés par le concept de « Ciel et Terre ». C'est un récit fragile, il faut l'admettre.