1. La Conférence sur le déni sioniste : La rhétorique de la « paix » dans le discours sioniste joue un rôle central dans la préservation de l’ordre établi et la délégitimation de la résistance palestinienne. Sous couvert de « réconciliation et d’espoir », une manœuvre idéologique est en cours, visant (même inconsciemment) à brouiller les rapports de force et à transformer l’exigence de justice historique en récits de souffrance mutuelle et de réconciliation sentimentale.
2. La proposition de « paix » institutionnelle promue par le discours sioniste repose sur la subordination de la population autochtone à des dispositifs politico-sécuritaires qui perpétuent l'hégémonie juive sur la région. Un mécanisme de « régime » qui légitime l'apartheid tout en le promouvant sous le vocable du pragmatisme, de la rationalité et d'un avenir commun. « Règlement politique ». « Équitable ». « Compromis ».
3. Des propositions telles que l'Initiative de Genève ou des forums tels que les « conférences de paix » et les « cercles de dialogue » illustrent la manière dont le discours hégémonique contourne des questions fondamentales comme le retour des réfugiés, le démantèlement des colonies et la reconnaissance des frontières de 1948 comme espace colonial. Ces initiatives, dont la portée symbolique dépasse leur valeur concrète, fonctionnent comme des mécanismes de temporisation plutôt que comme des vecteurs de libération.
4. Lorsqu'une personne est soumise à un étranglement physique et structurel, appeler à la « paix » simule un accord visant à réguler la violence de l'étrangleur, et non à la supprimer. Insister sur des espaces de dialogue, sans démanteler les centres de pouvoir, est une illusion mise en scène : elle vise à former le régime tout en donnant l'apparence d'un changement potentiel. Un discours qui permet la poursuite des crimes sous couvert de discours, et sans réponse politique concrète.
5. « Une solution à deux États est-elle encore possible ? » « Existe-t-il un partenaire ? » Les questions que les oppresseurs aiment aborder dans ces forums ne visent pas à clarifier l'injustice, mais à redéfinir la position de l'oppresseur dans le discours : il n'est plus responsable du crime, mais fait partie de la solution. Cela détourne l'attention de la question centrale : existe-t-il ici un régime fondé sur la suprématie ethnique et la dépossession continue ?
6. Il en résulte une série de propositions absurdes, pourtant logiques pour ceux qui les défendent : la création d’un État « palestinien » sur 22 % du territoire, sans contiguïté territoriale, sous contrôle sécuritaire israélien, dirigé par des dirigeants soumis et illégitimes, sans droit au retour et sans changement structurel profond. Et le qualifier de « juste », de « compromis », de « paix ».
7. Un projet d'ingénierie de la conscience : la mobilisation de la volonté humaine dans le silence, l'ordre, l'espoir, la paix et la sécurité afin de faire taire la revendication politique de libération. La douleur du refoulé est présentée comme une émotion exigeant une gestion émotionnelle, et non une correction structurelle. L'indignation morale est redirigée vers un discours d'équilibre, de réconciliation et de symétrie. Tout cela constitue un brouillage et un déni des relations politiques réelles.
8. Une telle « paix », qui peut véritablement être considérée comme un pas vers la justice, exige le démantèlement des structures de contrôle, la reconnaissance des droits collectifs et, surtout, le retour. La décolonisation, la désionisation et la dépolitisation de la nation (une nation civile et non ethnique), le démantèlement des hiérarchies juridiques et ethniques, sont les conditions préalables à tout « ordre » moral.
9. Les initiatives de « paix » ont l'effet inverse : elles ralentissent le processus d'information du public, offrent un refuge moral aux responsables de crimes passés ou présents, et permettent au discours de contrôle de perdurer sous un nouveau principe d'« humanisme » censuré sous une apparence « pragmatique ». Il ne s'agit pas d'une voie vers la libération ou la paix, mais d'un mécanisme qui favorise le déni institutionnel.
10. Le nom de la conférence était censé être « Conférence de libération », et son essence devait en être la conséquence. Tant que les présupposés sionistes demeurent inchangés, tout forum portant le nom de « paix » sert en pratique la perpétuation de l'ordre colonial tout en légitimant sa survie. Au lieu de promouvoir la réconciliation, il enracine le déni.
11. Les nouveaux « désenchantés » étaient déjà présents à cette conférence qui s'est tenue cette semaine. Bientôt, ils diront : « Je croyais en la paix, j'étais du côté de la paix, mais j'ai été désenchanté. » Il est absurde qu'une telle conférence ait lieu un jour ordinaire de meurtres, de dépossessions et de pillage par le régime et ses branches, et il est complètement inquiétant et illusoire qu'elle ait lieu en plein génocide à Gaza. Libération. Pas paix.